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Fanjakely, la jeune femme au sourire

C’est avec une expression de désespoir sur le visage que Fanjakely s’est présentée à la consultation des patients de Mercy Ships à Madagascar. Elle avait toujours rêvé de devenir maman. A quinze ans, sa beauté et son esprit de travail ont attiré l’attention d’un bel agriculteur et ils se sont mariés. Il ne se passait pas de jour sans qu’il lui dise combien elle était belle. Quant à elle, il était son premier amour.

Quand elle découvrit qu’elle était enceinte, sa vie lui sembla un vrai conte de fée. Quand la petite merveille se mit à bouger en elle, elle se mit à sourire comme seules les mamans peuvent le faire. Elle ne pouvait imaginer que ces mois d’excitation étaient le prélude de beaucoup de soucis et de souffrance.

Antonio
Le conte de fées s’est terminé dans la souffrance physique généralisée après quatre jours de martyr. L’accoucheuse fit appel à toutes ses connaissances et à son expérience, mais même le troisième jour n’apporta aucun soulagement. Il fallait quitter le village pour chercher de l’aide. Le quatrième jour, à sept heures du matin, son mari, son frère et sa belle-mère l’installèrent dans une pirogue. Après quatre heures de navigation ils arrivèrent au prochain village. Ils mirent Fanjakely dans un bus malgache typique pour un trajet de deux heures vers l’hôpital qu’ils atteignirent à sept heures du soir. L’accouchement eut enfin lieu et le petit Antonio naquit.

Malheureusement, Fanjakely découvrit rapidement que son calvaire ne faisait que commencer. Elle raconte ce qui se passa le lendemain. « Quand je me suis levée pour aller aux toilettes, j’ai constaté que j’étais devenue incontinente. L’urine coulait sans arrêter. » Ne sachant ce qui se passait, la jeune femme était très alarmée, confuse, malheureuse et aussi très en grande colère. « Je ne savais pas sur qui je devais me fâcher. » Elle était, en fait, une fois de plus victime des soins défaillants caractérisant le tiers-monde. Une césarienne lui aurait évité toutes ces souffrances.

Affection gynécologique
A Madagascar, dix femmes meurent chaque jour suite à des complications pendant la grossesse ou l’accouchement. Nombre d’entre elles survivent, comme Fanjakely, mais en gardent des séquelles, comme l’affection dénommée fistule obstétrique. L’accouchement particulièrement difficile provoque une ouverture entre la vessie et le vagin, ce qui cause les pertes d’urine incontrôlées. On estime que, chaque année, à Madagascar environ deux mille femmes sont atteintes de cette affection.

Le médecin de l’hôpital expliqua à Fanjakely qu’une opération pouvait remédier à cette affection, mais elle savait d’emblée qu’elle ne pouvait se permettre cette opération couteuse. Elle nous dit : « J’étais inconsolable parce que j’étais persuadée que, par manque d’argent, je ne serais jamais plus en bonne santé. » Sa vie devint un cauchemar. Malgré tous ses efforts pour être « propre », les pertes d’urine continuelles et l’odeur faisaient fuir les gens. Son cœur était brisé.

Amour inconditionnel
Au milieu de toute cette misère Fanjakely était reconnaissante pour deux miracles. Souvent, les femmes qui souffrent d’une fistule mettent au monde un enfant mort-né et leur mari les abandonne pour cette raison. Fanjakely, par contre, avait un superbe bébé, son mari était resté avec elle et continuait de l’aimer. Il était un modèle d’amour indéfectible. Il continuait de lui dire qu’elle était belle et l’encourageait en lui disant : « Un jour tu seras opérée. »

Ils ne savaient pas combien ces paroles étaient prophétiques. La radio leur annonça le troisième miracle dont bénéficierait Fanjakely : Un navire-hôpital où l’on pratique gratuitement des opérations de fistules était en route vers Madagascar ! Ils rassemblèrent leurs économies et firent le voyage de quatre heures vers la ville portuaire de Toamasina.

Sourire
A bord elle reçut l’opération qu’elle espérait depuis si longtemps. Après dix-huit mois de souffrances, l’opération gratuite lui donna la guérison et une joie immense. Stephanie Fiduk (USA), chef de sa section, raconte : « La personnalité de Fanjakely a changé du tout au tout. Pendant les consultations, elle était taiseuse et angoissée, maintenant, elle noue des amitiés. La fille qui ne riait jamais, est connue à présent comme la fille au sourire. »

Maintenant, Fanjakely peut reprendre une vie normale. Elle nous confie : « Je veux retrouver notre foyer et être heureuse avec mon mari et mon fils. »